Petit tremblement intérieur en marchant vers la vitre, impression de suspension à peine au-dessus de la ville. Très agréable sensation de paix dans le petit matin gris, tiède et pluvieux. J'ai savouré le calme, les rues apaisées, le regard qui survole cette ville, dont j'ai toujours aimé la faible hauteur. Peu de gens dehors mais ils paraissent indifférents à ce temps humide et maussade : de vrais normands. Je me demande pourquoi il y a si peu de lumière aux fenêtres à cette heure et en semaine. Les habitants s'habituent-ils à cette semi-pénombre, où vont leurs pensées ? Que font-ils ? Les axes d'arrivée à la ville sont chargés : la ville se remplit. Le niveau sonore permanent augmente un peu d'intensité. Pendant une heure, mon regard vole, remonte, descend dans les rues larges. Les voitures ressemblent un peu au vol des goélands, qui balaient les remparts et font écran entre la ville et moi.
Contemplation matinale d'une vie urbaine à laquelle j'appartiens mais qui reste au dehors de moi.